Un environnement qui fait mal

Selon l’OMS*, un quart des décès mondiaux ont une cause environnementale, principalement liée à la pollution de l’air et de l’eau. En Europe, on estime le nombre de décès annuels dû à l'environnement à 630 000.  Faut-il en avoir peur ? Comment se protéger ? La rédaction de France 3 Pays de la Loire cherche des réponses à ces questions dans Enquêtes de région !

Aujourd'hui, y a-t-il vraiment plus de malades liés à des pollutions de l'eau et de l'air, des ondes électromagnétiques, des pesticides ? Ou bien est-ce que les progrès de la médecine, les statistiques, les veilles citoyennes permettent simplement de mieux comprendre les dangers qui nous entourent ? 

Ce mois-ci, Mathieu Guillerot et la rédaction se penchent sur plusieurs dossiers qui reviennent régulièrement dans les médias :

- L’affaire des cancers pédiatriques Depuis 2015, des enfants déclarent successivement des cancers leucémie ou tumeurs dans un périmètre d'une dizaine de communes du Pays de Retz. Une maman lanceuse d'alerte a fait état du phénomène auprès des autorités de santé il y a 5 ans. 24 enfants en 5 ans ont déclaré un cancer. Sur ces 24 enfants, 5 sont décédés. L'environnement dans lequel ces enfants évoluent y est-il en partie pour quelque chose? Des analyses et études ont été lancées par les autorités de santé. Mais verdict fin 2020, il n'y a pas de cluster de cancers pédiatriques. Fin des investigations. Pas pour les familles qui oscillent entre inquiétude et espoir.

L'équipe rencontre ces familles qui se sont mises au vert, à la campagne pour vivre mieux et dont les enfants sont pourtant tombés malades, sans en comprendre la cause. Rencontre avec Marie Thibaud, présidente du collectif "Stop aux cancers de nos enfants" et Sandrine Josso, députée centriste de Loire-Atlantique et rapporteuse d'une commission d'enquête parlementaire sur les politiques publiques environnementales.
 

- Les bébés nés sans mains et sans bras à Mouzeil (44). L'agénésie des membres supérieurs touche environ 150 naissances par an en France.

En 2018, Emmanuelle Amar, épidémiologiste et directrice du registre des malformations de Rhône-Alpes, déclare avoir identifié 3 clusters : dans l'Ain, le Morbihan et à Mouzeil en Loire-Atlantique. Pour elle il n'y a aucun doute, les causes sont liées à l'environnement et à la pollution de l'eau. Agnès Buzin, alors ministre de la santé, annonce l'ouverture d'une enquête et la création d'un comité scientifique. Mais l'étude ne mène à rien.

- Le taux de cancers plus important à Saint-Nazaire. Usines chimiques, raffinerie, cimenterie, chantiers qui construisent les plus gros paquebots du monde. Sur le bassin nazairien l'industrie fait vivre 15 000 salariés.

Mais en septembre 2019 un rapport inquiète. Ici, la surmortalité liée au cancer avant 65 ans est supérieure de 28 % à la moyenne nationale, 38  % même chez les hommes. Dans son étude l'ARS ne fait que lister les cancers les plus fréquents, ceux des poumons, de la bouche ou du nez, et se limite à préconiser des campagnes de prévention sur le tabac et l'alcool.

Les associations, elles, dénoncent depuis des années la pollution des usines. Pour elles, aucun doute l'air est bien moins pur qu'ailleurs.

Pour les autorités, pas de rejets industriels excessifs, les normes sont respectées. Sur les 20 dernières années, les seuils n'ont été dépassés que 4 jours. Depuis 2008 les émissions de dioxyde de soufre ont même diminué de 60 % et les poussières de 20 %. Pas de quoi rassurer les riverains et de nombreux élus qui réclament aujourd'hui une enquête épidémiologique.

L'Etat a pour l'instant lancé une simple étude de zone. Pour nous éclairer sur cette étude, "Enquêtes de région" reçoit Philippe Bergerot, radiothérapeute à Saint-Nazaire.

 

- L’affaire du Tripode Le Tripode situé sur l'île de Nantes est un bâtiment emblématique des années 70, construit avec les matériaux de l'époque : tout particulièrement l'amiante. Des centaines de salariés, des fonctionnaires de l'INSEE, du ministère des affaires étrangères ou encore du trésor public y étaient employés avant qu'il ne soit détruit en 2005.

Ce dossier a révélé les dangers de l'amiante, un dossier suivi par les autorités depuis des années.

Deux électriciens décèdent de cancers en 1995 et 1999. Ils seront les premiers à être reconnus en maladie professionnelle en 2002.

Des avancées ont néanmoins eu lieu avec la reconnaissance du préjudice d'anxiété devant les tribunaux administratifs pour 150 dossiers en 2020. Elle pointe du doigt la double faute de l'Etat en tant qu'employeur et législateur.

 

 

 

*Organisation Mondiale de la Santé

Date de dernière mise à jour : 10/03/2023